Massification de la rénovation énergétique des bâtiments d’enseignement, comment faire ?

31/08/2021

Construits, pour la grande majorité, à partir des années 60, les bâtiments d’enseignement sont vieillissants et représentent près d’un quart du parc tertiaire en France. En effet, seuls 1% à 5% des bâtiments d’enseignement sont réhabilités chaque année, un résultat insuffisant pour répondre aux objectifs nationaux du Décret Tertiaire. Il est donc nécessaire d’engager des projets de rénovation massive de ces bâtiments. Maxime Coudray, Directeur du Développement Offres et Comptes-Clés chez ALTEREA, nous explique la marche à suivre.

 

Quels sont les besoins de rénovation des bâtiments d’enseignement français ?

Le besoin de rénovation de ces bâtiments est important Il est motivé par de nombreuses raisons : dégradation naturelle liée à l’ancienneté des bâtiments, évolution des besoins fonctionnels, mise en accessibilité PMR, amélioration de la qualité de l’air intérieur… et plus que jamais, la nécessité de limiter l’impact énergie-carbone par unité d’usage.
Afin d’éviter des interventions au « coup par coup », coûteuses financièrement et gênantes pour les occupants, il est primordial que la programmation des opérations questionne systématiquement l’ensemble de ces enjeux et besoins. Cette étape permettra d’optimiser les investissements en coût global et de mieux utiliser les ressources.

La massification de la rénovation est-elle la démarche à privilégier ?

Le Décret Tertiaire vise la quasi-totalité du parc d’enseignement (pour les bâtiments ou ensembles de bâtiments de plus de 1000 m² NDLR). Les échéances sont très serrées et il va être compliqué de répondre aux exigences règlementaires pour 2030/2040/2050, sans démarche de massification. Il faut donc vite s’emparer du sujet et privilégier une rénovation globale plutôt que des travaux isolés et définir une approche méthodique et multicritère pour répondre au besoin de la massification.

Quelles méthodes mettre en place pour une massification de la rénovation rapide et efficace ?

La massification de la rénovation s’inspire des process de l’industrie et requestionne les pratiques du bâtiment qui ont peu évolué en 70 ans. Cette standardisation de la rénovation passe par exemple par la construction hors site qui favorise grandement l’innovation et une meilleure maîtrise des coûts tout en limitant l’impact des chantiers ; à l’instar du modèle ÉnergieSprong ou d’autres projets de ce type qui se développent sur le territoire. Pour autant, les méthodes industrielles de fabrication hors site, ne doivent pas ignorer les enjeux d’économie locale, d’architecture ou encore les questions environnementales.

La mise en œuvre de contrats sur mesure, comme les Marché Globaux de Performance ou de Partenariat (MGPE ou MPPE, tous les deux dans la famille des CPE NDLR), relève également des outils de la massification de la rénovation. Ils permettent, dans un même contrat, d’intervenir sur un ensemble de sites de manière organisée, planifiée avec un partage des risques équilibré ; ainsi qu’un engagement sur les performances énergétiques et environnementales.

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Le coût de ces rénovations n’est-il pas trop important pour les collectivités ?

Si la rénovation de ces bâtiments représente une dépense supplémentaire et de lourds investissements pour les collectivités, elle permet surtout de faire des économies sur le long terme. En effet on estime qu’en moyenne la consommation des écoles représente 30% de la facture énergétique des communes. De même, le coût lié aux consommations énergétiques des lycées pour les régions est de l’ordre de 15 à 20€ par m²/an.
Il est donc indispensable pour les collectivités, selon leur contexte propre, de mobiliser des outils de financement externes et des subventions pour réaliser ces travaux de rénovation.

Vous pouvez retrouver tous les leviers de financement à destination des bâtiments d’enseignement dans notre livre blanc dédié.

Quelles sont les problématiques et enjeux de ce type de projet ?

Lorsque l’on intervient dans les bâtiments d’enseignements, la principale problématique, c’est le taux d’occupation. En dehors des périodes de vacances scolaires, il est difficile d’organiser des opérations lourdes et bruyantes en raison de l’occupation constante des locaux. Il faut donc trouver des techniques de réhabilitation avec le moins d’impact possible sur le confort et la santé des usagers ainsi que sur la qualité de l’enseignement.

La seconde problématique concerne la disponibilité des chargés d’opérations des collectivités pour le suivi des travaux. En fonction de la taille et des moyens de la collectivité, il faut être vigilant à ce que les équipes sollicitées aient la capacité d’assurer le suivi des chantiers et ne soient pas surchargées. L’objectif étant d’être rapide et efficace, certes, mais pas n’importe comment ! Il est essentiel de ne pas oublier les qualités fonctionnelles et architecturales des bâtiments, à la fois pour le bien être des occupants comme pour l’image des territoires.

Pour maîtriser ces enjeux annexes, l’ajout d’une démarche ou certification environnementale est un allié utile :

  • en pilotant le management de la qualité des opérations de façon transversale;

  • en maîtrisant et mesurant l’impact des travaux;

  • en favorisant le réemploi des matériaux et l’utilisation de matériaux bio sourcés et/ou bas carbone;

  • en intégrant les questions de biodiversité;

  • etc.

Enfin, ces projets auront un impact économique au moins sur les 30 prochaines années. Ils doivent profiter à l’économie locale. Il est donc essentiel d’impliquer au maximum les acteurs locaux (PME-PMI).

« Être rapide et efficace mais surtout responsable et durable »

Quelle est la marche à suivre pour appliquer un plan de massification de la rénovation de ces bâtiments ?

Dans un premier temps, il y a les moyens humains. L’organisation interne des maîtres d’ouvrages, et la nécessité de constituer une équipe dédiée bien dimensionnée, ou qui s’appuie sur des compétences externes, par le biais de recrutement d’AMO pouvant accompagner les démarches. Il faut donc être informé de ce qui existe sur le marché en termes d’offre de service, d’accompagnement, etc.
Aussi, le regroupement de plusieurs acteurs ou collectivités à l’échelle d’un territoire, permet d’agir plus efficacement et de mutualiser les moyens.

Pour un maître d’ouvrage donné, la première étape pour la réalisation d’une telle démarche, est de mener une campagne d’analyse multicritère de son patrimoine et une analyse prospective de ses besoins. Cela permettra d’avoir une fine connaissance de la vétusté, des performances, des consommations énergétiques et des besoins fonctionnels/éducatifs du parc. Ces données permettront de construire une stratégie et un plan d’actions pluriannuel maitrisé, d’optimiser et mutualiser les investissements, et de définir des objectifs atteignables suivis par des indicateurs.

Le niveau d’investigation et d’analyse doit être adapté en fonction de la taille du parc examiné et de la capacité d’enclencher des actions rapides, de mobiliser des moyens humains ou financiers, du côté de la collectivité. A titre d’exemple, un audit énergétique n’est utile que si les travaux sont engagés à court terme. D’autres études moins approfondies permettent d’obtenir un niveau d’informations suffisant pour définir un état des lieux et écrire une stratégie ainsi qu’un plan d’actions à l’échelle d’un parc.
Tout l’enjeux réside finalement dans la capacité à traiter les données en masse pour en faire ressortir les informations souhaitées et appuyer l’expertise en stratégie énergétique et immobilière.

Pour appliquer un plan de massification, il faut donc :

  • une organisation et des moyens humains adaptés;
  • une bonne connaissance de son parc de bâtiments et de ses besoins fonctionnels;
  • une base de données énergétiques et techniques ouverte et exploitable;
  • une planification des travaux maîtrisée et optimisée;
  • la mise en place des bons outils de suivi.

 

Qui peut être acteur de l’application de ce plan de massification ?

Toutes les parties prenantes évoquées précédemment, à savoir les collectivités publiques, les élus, les réseaux professionnels, les entreprises de travaux… Pour faire face aux enjeux climatiques, tout le monde doit requestionner ses pratiques et employer de nouvelles méthodes pour répondre de manière qualitative et atteindre les objectifs ambitieux qui s’imposent, comme ceux du Décret Tertiaire.
Il est nécessaire que tous les acteurs se rencontrent pour créer des synergies et partager les bonnes pratiques. Par exemple via des Clusters Régionaux comme Novabuild en Pays de la Loire ou Odeys en Nouvelle Aquitaine ...

Pour les collectivités plus petites, des regroupements de maîtres d’ouvrage, via des structures facilitant la centralisation de démarches, existent. Comme les syndicats d’énergie sur leur territoire qui prennent progressivement un rôle crucial dans la maîtrise des énergies.
Par exemple, ALTEREA a accompagné le syndicat d’énergie de L’Oise dans une campagne de diagnostic et de stratégie énergétique pour plus de 200 communes. Les actions qui en découleront pourront, elles aussi, être mutualisées. À l’instar des opérations comme COCON 33 pour laquelle ALTEREA est intervenu comme Maître d’œuvre pour la massification de l’isolation de combles pour les communes de la Gironde, en quasi-totalité financée par les CEE.

Se lancer dans la massification de son parc de bâtiments d’enseignement peut paraître ambitieux et coûteux. Heureusement, des solutions d’accompagnement et de financement existent pour aider les collectivités à franchir ce cap. Disposant d’une forte expérience dans la rénovation énergétique des bâtiments d’enseignement, ALTEREA a déployé une démarche complète pour orienter les maîtres d’ouvrage à travers ce parcours de massification.