Depuis la loi ÉLAN (2018) et le décret tertiaire, les établissements de santé sont soumis à une obligation progressive de réduction de leur consommation énergétique : –40 % d’ici 2030, –50 % d’ici 2040 et –60 % d’ici 2050. Cette réglementation, qui s’applique à tous les bâtiments à usage tertiaire de plus de 1 000 m², concerne donc directement les hôpitaux, cliniques et EHPAD. Pour atteindre ces objectifs, le texte encourage la rénovation énergétique, la maîtrise des usages et le recours aux énergies renouvelables. Le photovoltaïque s’intègre parfaitement dans cette logique, car l’électricité produite et consommée sur place n’est pas comptabilisée dans la consommation finale, améliorant ainsi le bilan énergétique réglementaire.
À cette exigence s’ajoute désormais la loi APER (Accélération de la Production d’Énergies Renouvelables), adoptée en 2023. Cette loi marque un tournant : elle rend obligatoire l’intégration de dispositifs de production d’énergie renouvelable ou de végétalisation sur certaines catégories de bâtiments neufs ou existants, en priorité ceux disposant de grandes toitures ou parkings. Concrètement, les hôpitaux et EHPAD disposant de surfaces supérieures à 500 m² de toiture ou de parkings extérieurs de plus de 1 500 m² doivent intégrer, lors d’une construction ou d’une rénovation lourde, une installation solaire ou équivalente. L’objectif est de mobiliser les espaces artificialisés existants pour éviter d’occuper de nouvelles terres agricoles.
La loi Climat et Résilience vient compléter ce cadre en imposant l’équipement photovoltaïque ou végétalisé sur les parkings extérieurs à grande capacité. Ces obligations convergent toutes vers un même cap : faire des bâtiments publics et médico-sociaux des acteurs de la production d’énergie décarbonée. Pour les hôpitaux et cliniques, cette évolution réglementaire n’est pas seulement une contrainte : elle ouvre une opportunité stratégique pour transformer leurs surfaces inexploitées en véritables atouts énergétiques et financiers.
Les établissements de santé possèdent un patrimoine bâti considérable : toitures plates, façades, hangars logistiques, parkings, voire terrains inoccupés. Ces espaces représentent un potentiel solaire souvent sous-exploité. Contrairement à d’autres typologies de bâtiments, les hôpitaux et EHPAD présentent une consommation électrique stable et continue, parfaitement adaptée à l’autoconsommation.
L’énergie produite dans la journée peut être directement consommée pour alimenter les systèmes techniques, les pompes à chaleur ou les équipements de ventilation.
L’enjeu n’est pas seulement financier. Dans un hôpital ou un EHPAD, une coupure d’électricité peut avoir des conséquences graves : arrêts d’appareils médicaux, perturbation des blocs opératoires ou des dispositifs de ventilation. Le photovoltaïque, couplé à des batteries de stockage, renforce la résilience énergétique. Il permet de sécuriser l’alimentation de zones critiques et d’assurer une continuité de service minimale en cas de défaillance du réseau. Cette dimension de sécurité énergétique, longtemps sous-estimée, devient aujourd’hui un argument majeur dans les projets solaires du secteur.
La transition énergétique du secteur médico-social bénéficie d’un soutien croissant des pouvoirs publics. Le plan France Relance, la Banque des Territoires ou encore les régions proposent des dispositifs d’accompagnement, de subventions et de prêts à taux réduit pour les projets d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables. Par ailleurs, la Fédération Hospitalière de France (FHF) encourage activement les établissements publics à adopter des démarches de sobriété énergétique et à intégrer le solaire dans leurs plans d’investissement.
Investir dans le photovoltaïque n’est plus une démarche marginale, mais une composante structurante de la stratégie énergétique des établissements sanitaires et médico-sociaux. Au-delà des économies, le solaire contribue à la neutralité carbone, améliore la conformité réglementaire et envoie un signal fort d’engagement environnemental auprès des patients, du personnel et des collectivités.
En exploitant leurs toitures, leurs parkings ou leurs façades, les hôpitaux, cliniques et EHPAD peuvent devenir producteurs d’énergie renouvelable, renforcer leur indépendance et participer activement à la décarbonation du système de santé français.