Le parc tertiaire privé marchand représente un volume de surface et de consommation énergétique considérable : de l’ordre de 700 millions de m² et environ 170 000 GWh consommés chaque année1. Pour aligner ce parc sur les objectifs climatiques et énergétiques, l’ADEME estime que les besoins d’investissement atteindraient environ 545 milliards d’euros d’ici à 2050 pour la métropole1.
Parallèlement, le Décret Éco Énergie Tertiaire (DEET) fixe des objectifs contraignants de réduction de la consommation d’énergie finale : −40 % en 2030, −50 % en 2040 et −60 % en 2050. Ces deux réalités expliquent l’urgence de repenser les mécanismes de financement.
Selon l’étude FiRéno+, les dispositifs d’accompagnement favorisent majoritairement des actions techniques simples et à retour rapide (changement d’équipements, chaleur renouvelable, etc.) alors que les rénovations globales — plus lourdes, plus longues et plus coûteuses — restent sous-mobilisées.
Les freins identifiés sont notamment : le niveau élevé d’investissement initial, des temps de retour parfois trop longs pour certains acteurs, une méconnaissance des dispositifs disponibles, une mauvaise adéquation des aides existantes et un bouclage financier difficile pour une partie des opérations.
L’étude propose d’abord d’adapter et mieux cibler les mécanismes déjà en place afin de rendre les rénovations ambitieuses plus attractives :
L’étude va plus loin en proposant des instruments plus structurants :
Ces propositions nécessitent toutefois des référentiels précis, des expérimentations locales et une acceptation politique et administrative pour être mises en œuvre.
Pour convaincre les banques et les investisseurs de financer les rénovations, l’étude de l’Ademe souligne qu’il faut avant tout rassurer ces acteurs en limitant les incertitudes. Cela passe par la mise en place de fonds de garanties après travaux, de labels et référentiels fiables (comme les références DEET ou les labels de rénovation) ainsi que des protocoles permettant de mesurer et de vérifier concrètement les économies d’énergie obtenues.
En complément, il est essentiel de renforcer l’accompagnement technique (audits, assistance à maîtrise d’ouvrage), de clarifier la communication sur les dispositifs existants et de développer la formation des professionnels afin d’accélérer et de généraliser les rénovations performantes.
La rénovation performante du parc tertiaire privé est à la fois nécessaire et réalisable mais elle réclame un changement d’échelle dans les outils de financement. Le projet FiRéno+ et l’étude de l’ADEME montrent qu’il ne suffit plus d’empiler des aides ponctuelles : il faut combiner dispositifs mieux ciblés (CEE métiers, crowdfunding, contribution locataire encadrée, exonérations conditionnelles) et nouveaux leviers structurants (modulation de la taxe foncière, amortissements avantageux, acteurs ensemblier, garanties post-travaux).
L’objectif est clair : réduire le reste à charge et sécuriser les montages financiers pour rendre attractives les rénovations globales.
En somme, FiRéno+ dresse une feuille de route opérationnelle. Il ne reste maintenant plus qu’à la traduire en dispositifs concrets, pilotés et financés, pour que la transition énergétique du tertiaire devienne une réalité mesurable et rentable.
Sources :
1 : Rénovation des bâtiments tertiaires privés : des pistes pour renforcer les financements
Financement de la rénovation performante des bâtiments tertiaires privés