Comment s’assurer de la performance d’une menuiserie à réception ?

13/09/2021

Vous envisagez de réaliser des travaux de remplacement de menuiseries ?

Vous souhaitez savoir comment garantir la performance de l’ouvrage à réception ?

ALTEREA vous guide pour identifier quelles sont les clés d’une rénovation réussie et les défauts de réalisation couramment rencontrés et découvrir les moyens à mettre en œuvre pour garantir une performance réelle de vos menuiseries.

 

Pour une menuiserie, les différentes techniques de mise en œuvre (pose neuve (en applique ou en tableau), pose rénovation), les différentes configurations (fenêtres, portes-fenêtres, bloc-baies, portes) et les différentes natures de matériaux utilisés (aluminiums, bois, pvc ou mixte) sont autant de facteurs contribuant à de potentiels risques de non performance.

L’atteinte de l’objectif de performance d’une menuiserie repose essentiellement sur :

  • la performance intrinsèque de la menuiserie ;
  • la qualité de mise en œuvre.


La qualité intrinsèque de la menuiserie


La qualité intrinsèque de la menuiserie est assurée par la certification d’un organisme agréé.


Celle-ci permet d’attester de la performance intrinsèque de la menuiserie. Les fabricants titulaires du certificat font suivre des unités de production de la chaine de menuiserie auprès d’organismes indépendants certificateurs pour effectuer des contrôles réguliers (CSTB, FCBA).

Les menuiseries certifiées sont identifiables par une étiquette unique détaillant :

  • la référence de l’usine de production ;
  • le numéro de série ;
  • le classement AEV caractérisant le niveau d’étanchéité à l’air, à l’eau et au vent ;
  • le classement Acotherm caractérisant la performance thermique globale ainsi que l’affaiblissement acoustique.

menuiseries

Cette marque est toujours située en haut à droite de la menuiserie (sur le dormant lors de l’ouverture de l’ouvrant droit).

La mise en œuvre de la menuiserie


Un simple contrôle visuel n’est pas suffisant pour s’assurer de la qualité de mise en œuvre. Il est indispensable de contrôler l’étanchéité à l’air sur l’ensemble de l’ouvrage. En effet, lors de la mise en œuvre, l’étanchéité à l’air est la caractéristique la plus impactante sur sa performance énergétique.


Afin d’expliciter cette partie, ALTEREA vous propose de s’appuyer sur un cas concret via retour d’expérience. 

 

ALTEREA a réalisé une expertise sur 10 sites de logements sociaux situés à Paris avec des travaux de remplacement de menuiseries (pose rénovation et pose neuve) sur l’année 2019/2020. Cette expertise a permis de mettre en évidence les défauts majeurs d’infiltration d’air au niveau des menuiseries auditées pendant la période hivernale .
Grâce à une inspection par caméra thermique réalisée dans les conditions requises (gradient de température supérieur de 10°C entre l’intérieur et l’extérieur), nous avons pu identifier plusieurs défauts d’infiltration d’air au niveau des menuiseries :

Niveau d'étanchéité 

1

Pas d'infiltrations

2

Défauts peu perceptibles 

3

Défaut impactant le confort de l'occupant

4

Défaillant 

Inconfort important 

Thermographie de visualisation type 1 2 3 4
Fréquence d'apparitions des défauts 
Pose rénovation 50% 33% 13% 4%
Pose neuve 67% 32% 1% 0%

 

Outre la conclusion évidente, une pose en rénovation engendre plus de défauts d’étanchéité à l’air qu’une pose neuve. Cette étude nous a permis de caractériser les principaux risques de malfaçons et d’identifier les points singuliers à contrôler de manière systématique pendant la réalisation des travaux.


La démarche de commissionnement permet de garantir les moyens et la qualité de contrôle permettant d’atteindre les objectifs de performance objectivés. Cette démarche repose sur plusieurs éléments de mission allant de la conception à l’exploitation des ouvrages :

1. En conception, la mission de commissionnement permet de :

  • Etablir des carnets de plans et coupes de détails minutieux permettant de recenser tous les points sensibles de la mise en œuvre (nous avons chez Alterea une liste de l’ensemble des points singuliers à contrôler)
  • Prévenir dans les pièces écrites que les entreprises (tous les corps d’états concernés) devront se conformer à la démarche de commissionnement
  • Faire référence aux DTU et AT correspondant au procédé de mise en œuvre de la menuiserie
  • Etablir le registre des écart (lien vers Boite à Outils Ademe) initial entre les pièces écrites, les études réglementaires et les Simulations Energiques Dynamiques du projet.


Le conseil d’ALTEREA : la qualité du résultat final dépendra essentiellement du soin apporté aux détails de conception.

2. En phase EXE :

  • Viser les produits nécessaires à la pose de la menuiserie :
    • Le type de mastic (conforme au DTU 44.1 et de classe 25 E ou 12,5 P)
    • Le type de bande de mousse (conforme NF P 85-570)
    • Les types de verrin
    • Les types de pattes
  • Vérifier les types de chevilles et vis
  • Sensibiliser les entreprises à la démarche de commissionnement :
    • Vérifier la pose lors du transport de la manutention et du stockage (jamais à plat !)
    • Tester les produits sur place avec le test du mastic sur le support avant mise en œuvre concrète (vérification de sa bonne adhésion)


Le conseil d’ALTEREA : bien concevoir et bien choisir les matériaux et accessoires ne suffisent pas pour obtenir le résultat optimal. La mise en œuvre est une étape essentielle du résultat.


3. Pendant la phase de Direction de l'Exécution du ou des contrats de Travaux DET, on différencie la mise au point statique (Autocontrôle) et la mise au point Dynamique (Essais) :

  • L’Autocontrôle
    Le poseur contrôle, par l’intermédiaire d’une check-list, les éléments visuels à vérifier sur son ouvrage à chaque étape de mise en œuvre :
    • Vérification de la préparation du support :
      • Vérification des tolérances selon le document technique unifié (DTU) : planéité générale et locale du support, faux aplomb, faux niveau…, reprise du dressage si nécessaire.
        Tous les corps de métiers sont concernés par la thématique de l’étanchéité à l’air, ainsi maçons et charpentiers seront avisés de l’attendu du rendu final du menuisier sur le support. Se mettre d’accord à la fin de la réalisation d’un témoin type à chaque étape est donc essentiel avant de dupliquer le travail sur l’ensemble du bâtiment.

    • Vérification avant l’installation du dormant :
      • Vérification de la continuité du fond de joint et de son écrasement.
      • Vérification de l’horizontalité et la verticalité de la menuiserie.

    • Vérification après pose de la menuiserie :
      • Vérification du fonctionnement et de la sécurité (hauteur des dispositifs de manoeuvre, ouverture aisé, présence d’anti-déboitement de pare close, présence de fixations au niveau de chaque paumelle, …).
      • Vérification de l’étanchéité (continuité des joints entre maçonnerie/menuiserie et dormant/ouvrant, présence des orifices de drainage).
Le conseil d’ALTEREA : L’ensemble des acteurs du projet doivent œuvrer dans le même but d’atteinte de la performance. Cependant, l’auto-validation des entreprises a ses limites et le rôle du commissionneur est bien d’accompagner et contrôler celle-ci dans la réalisation de cette tâche.

  • L’Essai

L’essai est un autocontrôle instrumenté. Pour la menuiserie, il s’agit d’effectuer un test de recherche de fuite par rapport à son étanchéité à l’air. Les essais de recherche de fuite sont cadrés par le guide d’application AFNOR GA P50-784 . Si les conditions météorologiques le permettent, ce test peut être couplé avec un visionnage à la caméra thermique des potentielles malfaçons. Il faut alors s’appuyer sur la norme NF EN 13187. Le test est réalisé par une tierce personne en présence de l’entreprise (conducteur de travaux et poseur).


Le conseil d’ALTEREA : La démarche permet de responsabiliser l’ensemble des intervenants et de les accompagner lors de la réalisation du témoin par exemple.


Il est nécessaire alors de réaliser un test d’étanchéité à l’air de recherche de fuites au niveau de la menuiserie. L’objectif de ce test est d’identifier les fuites parasites au niveau de la menuiserie, de lister les défauts puis de les corriger.


Comment réaliser ce test ?


Il faut créer une dépression du local préalablement conditionné (on vient obstruer temporairement l’ensemble des autres orifices pouvant générer des infiltrations). Cette dépression, créée à l’aide d’une porte soufflante équipée d’un ventilateur, aspire l’air extérieur vers l’intérieur du local.

test étznchéité

 

On peut alors, avec l’aide d’un anémomètre à fil chaud et d’une poire à fumée ou d’un générateur, constater les défauts à corriger. 



anénomètre

 

Le commissionnement permet à chaque phase de s’assurer de la performance intrinsèque des équipements depuis la conception jusqu’à la mise en œuvre. Des contrôles instrumentés sous la forme de tests sont opérés lorsqu’un risque important de non-performance est détecté. Les réceptions techniques instrumentées issues de la démarche de commissionnement sont des étapes clés de la garantie de performance énergétique réelle des bâtiments.