Les secteurs d’activité qui profiteront le plus de l'énergie solaire d'ici 2030

22/10/2025

L’accélération de la transition énergétique en France et en Europe positionne l’énergie solaire comme un pilier essentiel pour atteindre les objectifs climatiques de la décennie à venir. Selon le commissariat général au développement durable du gouvernement, la France vise une part de 33% d’énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’ici 2030. Toutefois, selon les derniers chiffres provisoires, elle en est encore loin (environ 23% en 2024), ce qui impose une montée en puissance rapide des filières vertes et en particulier du solaire, dont le coût a fortement baissé et dont la modularité facilite le déploiement. 

Le solaire présente plusieurs atouts : 

  • Il peut être déployé au plus près des usages (toits, parkings, façades, ombrières). 
  • Les innovations dans le stockage (batteries, hydrogène, EMS) permettent de lisser la production et d’augmenter l’autoconsommation. 
  • Des obligations réglementaires (loi Énergie-Climat, décret tertiaire, loi APER) poussent les entreprises à intégrer le solaire dans leurs stratégies. 

Dans ce contexte, certains secteurs d’activité seront naturellement mieux placés pour tirer profit de l’énergie solaire d’ici 2030.  

Secteurs d’activité les plus susceptibles de bénéficier du solaire 

  1. Le secteur tertiaire et les bâtiments d’usage mixte

Le tertiaire est déjà ciblé par des réglementations incitatives et contraignantes pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. 

  • Le décret tertiaire, inscrit dans la loi ELAN, impose aux bâtiments à usage tertiaire une réduction progressive de leur consommation énergétique. Il concerne les bureaux, les commerces, les établissements publics, les infrastructures de transport, etc.  
  • L’un des leviers de conformité est l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits ou façades afin de produire de l’électricité localement, réduisant ainsi les besoins d’énergie importée.  
  • Par ailleurs, le décret BACS (Building Automation & Control Systems) exige l’automatisation et le pilotage des équipements de chauffage, ventilation, climatisation (CVC) dans les bâtiments tertiaires, ce qui permet d’optimiser la consommation et de mieux intégrer une production solaire locale.  

Autrement dit, les bâtiments de bureaux, les centres commerciaux, les établissements d’enseignement, les hôpitaux ou les équipements culturels pourront devenir des centrales solaires à eux seuls, en combinant production, pilotage et autoconsommation. 

  1. L’industrie et les grandes installations de production

L’industrie est un secteur énergivore, souvent soumis à des contraintes fortes sur le coût de l’électricité. Le solaire offre trois grandes opportunités : 

  • Autoconsommation industrielle : les sites industriels peuvent installer des panneaux solaires en toiture ou sur des structures adjacentes (ombrières, toitures étendues) pour couvrir une partie de leur consommation électrique, réduisant leur dépendance au réseau et aux fluctuations de prix. 
  • Stockage et flexibilité : couplé à des systèmes de batteries ou d’autres formes de stockage, le solaire permet de lisser la production et de répondre à des pics de consommation ou des besoins continus.  
  • Procédés thermiques solaires : dans certains cas, la chaleur solaire (ou une conversion électrique vers la chaleur) peut être utilisée dans des procédés industriels (séchage, chauffage de fluides, etc.), diminuant le besoin de combustibles fossiles. 

Avec la montée des exigences de décarbonation (plan de décarbonation accélérée mentionné dans certains analyses) et la pression croissante sur les coûts énergétiques, l’industrie sera un secteur clé de l’expansion solaire.  

  1. Le secteur logistique et de la grande distribution

Les entrepôts logistiques, les plateformes de distribution, les centres de stockage ou d’e-commerce disposent souvent de toitures gigantesques et relativement planes, ce qui les rend particulièrement adaptés au photovoltaïque. 

  • Les grandes surfaces peuvent accueillir des installations PV de forte puissance avec des rendements intéressants. 
  • Le solaire permet de couvrir une part de la consommation interne (éclairage, climatisation, équipements) et éventuellement de revendre les surplus. 
  • Les parkings associés à ces sites peuvent aussi être équipés d’ombrières photovoltaïques, ce qui double le potentiel de production. En France, des obligations légales forcent l’installation d’ombrières photovoltaïques sur les parkings importants (par exemple la loi APER avec les parkings > 10 000 m² doivent se solariser d’ici 2026). 
  1. Le secteur agricole et agroalimentaire

L’agriculture est un champ prometteur pour le solaire, notamment : 

  • L’agrivoltaïsme (recouvrement partiel des cultures par des panneaux solaires) permet de combiner production agricole et production électrique sur une même parcelle, en jouant sur les synergies (ombrage modéré, protection contre les intempéries). 
  • Les exploitations agricoles peuvent équiper leurs bâtiments (hangars, serres) de panneaux solaires, pour couvrir leurs besoins en éclairage, pompage d’irrigation, froid, etc. 
  • Les industries agroalimentaires attenantes (transformations, stockage frigorifique) peuvent elles-mêmes intégrer du PV pour diminuer leur facture énergétique. 

Ce secteur offre donc une double opportunité : rentabiliser des espaces souvent sous-exploités tout en renforçant la résilience énergétique des exploitations rurales. 

  1. Le secteur des transports et des infrastructures de mobilité

Les infrastructures de transport (gares, aéroports, ports), mais aussi les véhicules eux-mêmes (routes solaires, bornes de recharge solaires) peuvent tirer parti du solaire. 

  • Les toits des gares, aérogares ou parkings d’aéroports ont souvent de grandes surfaces exposées. Le solaire peut couvrir une partie de leur consommation électrique (éclairage, ventilation, systèmes auxiliaires). 
  • Les stations de recharge pour véhicules électriques peuvent bénéficier de panneaux solaires intégrés, rendant la recharge plus verte et partiellement autonome. 
  • Certains projets innovants (routes photovoltaïques, panneaux intégrés aux infrastructures routières) sont explorés, bien que leur viabilité à grande échelle reste encore à confirmer. 
  1. Les collectivités territoriales et les services publics

Les villes, communautés de communes, intercommunalités et autres collectivités disposeront d’un rôle moteur. 

  • Les installations de panneaux sur bâtiments publics (écoles, gymnases, mairies) sont déjà monnaie courante mais l’avenir pourrait voir des ombrières solaires sur les parkings publics ou les réseaux de chaleur solaire municipaux. 
  • Les collectivités peuvent porter des projets solaires territoriaux (agrivoltaïsme, champs solaires, ombrières dans les zones industrielles). 
  • En intégrant le solaire dans leur politique d’aménagement, elles peuvent mieux maîtriser la consommation énergétique locale et réduire la dépendance aux fournisseurs externes. 

Obstacles et leviers à la croissance solaire par secteur 

Obstacles potentiels 

  • Contraintes réglementaires et administratives : les autorisations, permis de construire, contraintes paysagères ou environnementales ralentissent souvent les projets solaires. 
  • Raccordement au réseau et capacité du réseau : dans certaines zones, le réseau électrique local peut limiter la puissance acceptable en injection. 
  • Investissements et financement : malgré la baisse des coûts, certains acteurs peuvent manquer de capitaux pour financer l’installation initiale. 
  • Intermittence et équilibrage : la production solaire varie selon la météo ; sans solution de stockage, le solaire seul ne peut totalement répondre aux besoins en continu. 

Leviers pour accélérer l’adoption 

  • Appels à projets et aides publiques : subventions, tarifs de rachat, mécanismes de soutien à l’autoconsommation ou à l’agrivoltaïsme peuvent booster les investissements. 
  • Intégration de solutions de stockage (batteries, hydrogène, pilotage intelligent) pour augmenter la valeur de l’énergie produite.  
  • Réglementations contraignantes mais incitatives, comme les obligations de solarisation des parkings ou d’équipements publics, pour orienter les acteurs vers le solaire.  
  • Mutualisation multi-usages : partage de l’infrastructure entre divers usages (logistique, industriel, tertiaire) pour optimiser la rentabilité. 
  • Innovation technologique (meilleures cellules, panneaux bifaciaux, photovoltaïque intégré aux bâtiments) pour rendre les installations plus efficaces et adaptées à des configurations variées. 

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Perspectives chiffrées : le solaire à l’horizon 2030 

  • L’objectif national français est de tripler les capacités photovoltaïques installées d’ici 2030, soit atteindre environ 54 à 60 GW de puissance installée photovoltaïque selon le Programmation pluriannuelle de l’énergie.  
  • Dans certains scénarios, le solaire est la seule filière renouvelable capable de contribuer à cet objectif ambitieux, 33% d’énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’ici 2030, du fait des contraintes de développement de l’éolien.  
  • Une progression plus soutenue du photovoltaïque est d’autant plus stratégique que les autres filières (éolien, biomasse) rencontrent des obstacles d’acceptabilité ou de contraintes de site.  

Au final, les secteurs les plus favorisés seront ceux qui disposent de grandes surfaces exploitables (toits, parkings, terrains agricoles) et de besoins électriques conséquents : tertiaire, industrie, logistique, agriculture, mobilités, collectivités. Ceux qui sauront intégrer le solaire de façon intelligente (avec stockage, pilotage, mutualisation) maximiseront les bénéfices économiques et environnementaux.