Plan National Intégré Énergie-Climat : la feuille de route pour 2030

21/08/2024

Dans son Plan National Intégré Énergie-Climat (PNIEC) récemment soumis à la Commission européenne de Bruxelles, la France décrit, secteur par secteur, ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les mesures en place et envisagées pour les atteindre ainsi que les défis à surmonter pour y parvenir. Retour avec ALTEREA. 

Qu’est-ce qu’un Plan National Intégré Énergie-Climat ?  

Le Plan National Intégré Énergie-Climat a été créé à la suite d'un règlement adopté en 2018 par l’Union Européenne qui imposait à tous les Etats membres de mettre en place :  

  • Avant le 31 décembre 2018 : un projet de PNIEC pour la période 2021 à 2030.  
  • Avant le 31 décembre 2019 : un PNIEC définitif 
  • Avant le 30 juin 2024 : une finalisation de la mise à jour du PNIEC 

La France a donc récemment soumis son Plan National Intégré Énergie-Climat mis à jour. Ce document de 300 pages repose sur les initiatives de planification écologique et sur la Stratégie énergie-climat de la France. Il sera bientôt complété par trois documents de programmation : la Programmation Pluriannuelle de l'Energie (PPE), la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et le Plan National d'Adaptation au Changement Climatique (Pnacc). 

Que faut-il retenir de la mise à jour du PNIEC de juillet 2024 ?  

Une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre 

Le scénario de référence de la future Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) prévoit une réduction des émissions brutes de gaz à effet de serre (GES) de 50 % d’ici 2030 par rapport à 1990, soit une diminution de 124 millions de tonnes équivalent carbone (MtCO2éq) entre 2022 et 2030. Cet effort est considérable, surtout en comparaison avec la réduction de 144 Mt réalisée entre 1990 et 2022. Le plan de bataille du Gouvernement mobilise tous les secteurs émetteurs de l’économie, au-delà des prévisions actuelles de la SNBC. 

Entre 2022 et 2030, les objectifs de réduction des émissions par secteur sont les suivants : 

  • Déchets : réduction de 50 %
  • Bâtiment : réduction de 43 %
  • Secteur énergétique : réduction de près de 37 %
  • Transports et industrie : réduction d’environ 30 %
  • Agriculture : réduction de 9 % 

Le scénario prévoit un puits de carbone inchangé, malgré les impacts croissants du réchauffement climatique sur les forêts. Les nouvelles estimations montrent un risque de déficit des puits naturels de carbone et des efforts sont en cours pour sécuriser et préserver ces puits. 

Un objectif sur les énergies décarbonées 

Le document fixe pour 2030 un objectif de consommation énergétique finale de 1 381 térawattheures (TWh) et de 570 TWh pour les énergies renouvelables, conformément aux demandes de Bruxelles. Cependant, la France n’atteindra pas l’objectif commun de 42,5 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale, visant plutôt un ratio de 58 % d’énergies décarbonées. 

La troisième Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE3) prévoit une sortie des énergies fossiles avec des trajectoires claires, visant une réduction de moitié de la consommation d’ici 2030 et de deux tiers d’ici 2035 par rapport à 2012. Tous les secteurs devront réduire leur consommation d’énergie de 30 % entre 2012 et 2030. Le bouquet électrique sera décarboné à 96 % en 2030, avec 61 % de nucléaire et 35 % d’énergies renouvelables. Une part de 49 % d’énergies renouvelables est fixée pour le secteur du bâtiment. 

Les objectifs par filière sont : 

  • Photovoltaïque : 54 à 60 gigawatts (GW)
  • Éolien terrestre : 33 à 35 GW
  • Éolien en mer : 3,6 GW
  • Hydroélectricité : 26,3 GW
  • Chaleur et froid renouvelables : 297 TWh
  • Biocarburants : 48 TWh
  • Biogaz : 50 TWh 

Un objectif de 6,5 GW d’effacement de consommation électrique en 2028 et des besoins additionnels de flexibilités (production, demande, stockage) de 28 à 68 GW ont également été ajoutés au PNIEC. Une évaluation plus précise est en cours, menée par le gestionnaire de réseau RTE. 

Adaptation et résilience 

Le volet adaptation du plan vise à préparer la France aux conséquences d’un réchauffement mondial de 3 °C d’ici 2100, soit +4 °C pour la France hexagonale. Ce plan inclura des « stress tests » climatiques du système électrique, menés par RTE, pour évaluer la résilience aux canicules, vagues de froid et périodes sans vent. 

La mise à jour du Plan National Intégré Énergie-Climat (PNIEC) de la France reflète une ambition renouvelée pour la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique. Avec des objectifs clairs et chiffrés pour 2030, tels que la réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre et l'expansion significative des énergies renouvelables, la France s'engage sur une voie plus verte. Cependant, le succès de ce plan dépendra de la mise en œuvre efficace des actions prévues.