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REX – Réalisation d’un programme énergie fluide pour Nantes Université
1/10/2025
Avec plus de 130 bâtiments répartis entre bâtiments dédiés majoritairement à l'enseignement et à la recherche, le patrimoine immobilier de Nantes Université se distingue par sa diversité mais aussi par la complexité de sa gestion énergétique. Pour accompagner sa transition et actualiser son Programme Énergie Fluide, l’équivalent d’un schéma directeur énergie et eau, l’université a fait appel à ALTEREA.
Dans cet article, Sérine Nefzi, Responsable du service Stratégie Patrimoniale et Energétique à la Direction du Patrimoine Immobilier et de la Logistique de Nantes Université, revient sur la méthodologie adoptée, les enjeux spécifiques du patrimoine universitaire et les perspectives ouvertes par cette démarche.
Pouvez-vous nous présenter le projet ?
Nantes Université a sollicité ALTEREA dans le cadre de la mise à jour de son Programme Énergie Fluide, l’équivalent d’un schéma directeur énergie et eau. Une première version de ce programme existait déjà, datant de 2017-2018. Il s’agissait de l’actualiser en parallèle du Schéma Pluriannuel de Stratégie Immobilière (SPSI).
Ces deux documents stratégiques, essentiels pour l’établissement, ont été retravaillés simultanément : un prestataire a assuré la mise à jour du SPSI, tandis qu’ALTEREA a accompagné l’université sur le volet énergétique et environnemental.
Cette mission s’est inscrite dans un contexte particulier : celui d’un patrimoine universitaire vaste et hétérogène. Les bâtiments de Nantes Université se distinguent par leurs usages multiples (enseignement, recherche, administration) et par leur diversité architecturale, allant des constructions des années 1960 aux réalisations plus récentes, comme un bâtiment réceptionné en 2022. « Il faut réussir à composer avec cette diversité patrimoniale, c'est aussi la richesse du patrimoine universitaire. » souligne Sérine Nefzi. Cette diversité, à la fois richesse et contrainte, a rendu indispensable la mise en place d’une approche fine de priorisation des besoins. À cela s’ajoutent des niveaux de performance énergétique contrastés, certains sites ayant déjà bénéficié de travaux de rénovation, d’autres restant à engager.
Quels étaient les objectifs de cette mission ?
Les objectifs fixés s’inscrivaient directement dans le cadre réglementaire, en particulier celui du Décret Tertiaire, qui impose une réduction progressive des consommations énergétiques dans les bâtiments du secteur tertiaire.
Ils étaient également en lien avec la loi d’accélération pour la production des énergies renouvelables, contribuant ainsi à répondre aux exigences du Décret Tertiaire. Enfin, le décret BACS complétait ce dispositif, en définissant des obligations spécifiques en matière de pilotage et de performance énergétique.
« Les objectifs fixés contribuaient également à assurer la conformité avec les réglementations imposées par le Décret BACS. » évoque Sérine Nefzi.
En somme, les différents sous-objectifs découlaient tous de ce socle réglementaire, avec pour finalité de répondre aux ambitions fixées par le décret tertiaire.
Que retenez-vous de la collaboration avec ALTEREA ?
Interrogée sur la collaboration avec ALTEREA, Sérine Nefzi souligne avant tout la qualité de l’intégration de l’équipe dans les ateliers : « Les équipes d’ALTEREA se sont bien intégrées dans les ateliers. Elles ont joué le jeu de cette collaboration et de cette articulation. » affirme Sérine Nefzi.
Cette dynamique positive s’est traduite par une relation fluide, à la fois avec l’université et les équipes internes mais aussi avec les autres prestataires impliqués dans le projet SPSI. La coordination, jugée naturelle, a permis de respecter un calendrier particulièrement contraignant.
Sérine Nefzi insiste également sur un élément clé : la confiance accordée à l’expertise technique d’ALTEREA. « Nous travaillons avec eux depuis déjà plusieurs années. Nous avons lancé en 2019 les pré-diagnostics. Pour un document de cette envergure, c’était important de pouvoir s’appuyer sur cette expérience. » explique-t-elle.
Au-delà des compétences techniques, l’honnêteté et la transparence des échanges ont joué un rôle déterminant. « Nous avons régulièrement ajusté le planning et les attentes car la mission n’était pas simple et le cahier des charges vaste. L’envergure des bâtiments et des sujets était importante. Ces ajustements n’étaient pas forcément simples, ni pour ALTEREA ni pour les équipes de Nantes Université, mais ils ont toujours été faits dans un esprit constructif. » développe Sérine Nefzi.
En résumé, cette collaboration a été marquée par la confiance, la transparence et la capacité à avancer ensemble, malgré la complexité du projet.
Comment s'est déroulée la mission ?
Le projet s’est structuré en deux grandes étapes : le diagnostic, puis la définition de la stratégie.
La première phase a consisté à établir un diagnostic complet de la situation énergétique. Cela a impliqué la consolidation des données de consommation (énergie, eau, émissions de gaz à effet de serre) et la réalisation d’une cartographie énergétique et environnementale. Cette cartographie a servi à organiser les bâtiments selon plusieurs critères – performance énergétique, vétusté, bilan environnemental – et ainsi de prioriser les besoins dans un patrimoine très hétérogène.
Ce travail a permis de classer les bâtiments selon différents critères (performance énergétique, vétusté, bilan environnemental) afin de prioriser les besoins dans un patrimoine particulièrement hétérogène.
Cette étape s’est appuyée sur les pré-diagnostics techniques et énergétiques réalisés en 2019 avec ALTEREA. Ceux-ci avaient déjà permis d’établir une première photographie du patrimoine et de lancer des actions de rénovation. Entre 2019 et 2025, plusieurs chantiers avaient été engagés. Il s’agissait de mettre à jour ces données pour disposer d’une vision actualisée et complète. « Entre 2019 et 2025, nous avons avancé sur de nombreux chantiers. Il fallait actualiser les pré-diagnostics pour refléter au mieux la réalité de notre patrimoine. » affirme Sérine Nefzi.
La seconde étape a porté sur la définition de la stratégie. Avec ALTEREA, Nantes Université a travaillé à l’élaboration de scénarios de réduction des consommations, intégrant les objectifs réglementaires et posant les bases d’une feuille de route énergétique et environnementale. L’objectif : planifier les actions à mener, se doter d’outils de suivi et permettre à l’université de gagner en autonomie dans la mise en œuvre de sa politique énergétique.
Enfin, la mission s’est déroulée en articulation étroite avec la mise à jour du Schéma Pluriannuel de Stratégie Immobilière (SPSI). Les deux exercices se sont nourris mutuellement :
- le SPSI a apporté des données patrimoniales utiles au Programme Énergie Fluide,
- le Programme Énergie Fluide a enrichi le SPSI de ses diagnostics énergétiques et environnementaux.
« C’est une richesse d’avoir pu croiser les deux démarches : chacune a apporté son expertise à l’autre. Cela a structuré le travail et permis d’obtenir des données fiables. » exprime Sérine Nefzi
Cette coordination a constitué une véritable valeur ajoutée, tout en imposant un cadre exigeant en termes de calendrier, de gouvernance et de coordination. ALTEREA a su s’adapter à ces contraintes et contribuer efficacement à cette démarche conjointe.
Quelles sont les prochaines étapes pour mettre en œuvre cette stratégie et agir sur les bâtiments priorisés ?
La phase de stratégie menée avec ALTEREA a permis de poser les fondations d’une feuille de route énergétique et environnementale claire et progressive. Celle-ci s’est construite à travers une série d’ateliers thématiques, co-animés avec l’université, qui ont couvert l’ensemble des leviers d’action.
« Nous avons travaillé sur la rénovation des bâtiments, sur leur pilotage énergétique via le comptage et la gestion technique centralisée, mais aussi sur l’occupation et la sensibilisation des usagers au sens large : étudiants, enseignants, personnels administratifs. » souligne Sérine Nefzi.
Un focus particulier a été mené sur les bâtiments de recherche, identifiés comme les plus énergivores, ainsi que sur le volet carbone afin d’élargir la réflexion au-delà de la seule énergie. Le programme a également intégré la dimension eau et ouvert la porte à des thématiques environnementales nouvelles, comme la biodiversité.
La feuille de route articule les actions selon les horizons réglementaires fixés par le Décret Tertiaire. « Nous avons bien conscience que pour tenir ces objectifs, il faudra passer par des rénovations complètes et lourdes. » déclare Sérine Nefzi.
Concrètement, les prochaines étapes consistent à articuler la stratégie avec la Programmation Pluriannuelle d’Investissement (PPI), à poursuivre les recherches de financements et à renforcer les outils de communication et de diffusion. L’université travaille à produire une synthèse pédagogique des rapports énergétiques pour en faciliter l’appropriation par l’ensemble des services.
Enfin, la diversité du patrimoine universitaire impose une approche graduelle et sélective : « Nous avons conscience qu’avec un tel patrimoine, on ne peut pas tout faire en même temps. La clé est de prioriser les interventions selon les bâtiments et les usages. » explique Sérine Nefzi.
Quels conseils donneriez-vous à d’autres universités ou collectivités ?
En guise de retour d’expérience, plusieurs recommandations émergent de cette mission.
- Soigner la donnée énergétique
La première priorité consiste à disposer de données fiables car elles constituent le socle de toute démarche de diagnostic et de stratégie.
« Prendre le temps de fiabiliser et de préparer la donnée énergétique, c’est essentiel. Sur un patrimoine comme le nôtre, avec plus de 130 bâtiments, cela conditionne la qualité de l’état des lieux, de la cartographie puis de la stratégie. » développe Sérine Nefzi.
Selon les ressources disponibles, ce travail peut être mené en interne ou confié à un partenaire spécialisé comme ALTEREA.
- Prévoir un calendrier réaliste
Un second conseil concerne la planification. Construire un calendrier suffisamment large et cohérent est indispensable pour éviter la précipitation. L’expérience de Nantes Université montre que la coordination avec d’autres démarches stratégiques – en l’occurrence la mise à jour du SPSI – est une richesse mais peut aussi représenter une contrainte forte en termes de délais.
- Travailler en concertation
La réussite de la mission a reposé sur une démarche collective, impliquant plusieurs services internes et des usagers. « Nous avons travaillé avec les services de la direction du patrimoine immobilier, les services centraux de l'université (Mission Transformation Ecologique, Direction des Affaires Financières...) et les usagers (chercheurs...)» exprime Sérine Nefzi.
- Élargir le périmètre au-delà de l’énergie
Par rapport au précédent Programme Énergie Fluide, l’université a souhaité élargir son champ d’action :
- Intégration du volet eau, jusque-là peu développé ;
- Ouverture à des enjeux environnementaux plus larges, comme la biodiversité.
Ces thématiques n’ont pas encore donné lieu à des actions exhaustives mais des principes structurants ont été posés pour les travaux à venir.
- Anticiper les moyens humains et techniques
La mise en place d’une équipe interne spécialisée (ingénieur efficacité énergétique, technicien CVC, ingénieur GTB) constitue un atout déterminant pour porter la démarche sur le long terme.
- Réfléchir à l’usage final du document
Enfin, un dernier conseil concerne la forme du rapport final : trouver le bon équilibre entre la précision technique et la dimension informative et pédagogique. « Nous avons produit des rapports techniques très détaillés. Avec le recul, nous aurions peut-être dû davantage réfléchir à ce que nous voulions transmettre d’un point de vue pédagogique. Aujourd’hui, nous travaillons à une étape de synthèse pour mieux diffuser ces travaux. » affirme Sérine Nefzi.
La mise à jour du Programme Énergie Fluide de Nantes Université, conduite en partenariat avec ALTEREA, illustre l’importance d’une approche globale et structurée pour gérer un patrimoine universitaire vaste, complexe et diversifié.
Ce retour d’expérience met en lumière la valeur ajoutée d’une collaboration fondée sur la confiance, la transparence et l’expertise technique.