"Plus fraîche ma ville", le nouvel outil numérique lancé par l'ADEME

Les canicules deviennent de plus en plus fréquentes chaque année. Les villes, qui sont déjà exposées au phénomène d'îlot de chaleur urbain, doivent maintenant s'adapter à cette réalité. C'est dans cette optique que l'ADEME lance un service numérique public destiné à aider les villes qui cherchent à rafraîchir leur territoire.

Les Raisons du développement de l'outil

Il n'existe pas de solution universelle pour le rafraîchissement urbain, qui puisse être adaptée à tous les territoires. En effet, le climat local peut varier considérablement, même au sein d'une même région, en raison de la topographie et de la structure propre à chaque ville. De plus, les ressources financières ainsi que le niveau de compréhension de ces enjeux peuvent différer d'une ville à l'autre. Par conséquent, il est essentiel de réfléchir minutieusement avant de se lancer, en tenant compte du type de solution le plus approprié en fonction du territoire, du type de projet et des moyens disponibles, qu'ils soient financiers ou humains pour mener à bien le projet.

Cependant, certaines collectivités ne possèdent pas les ressources nécessaires pour identifier les pistes d'action, et l'évaluation de toutes les solutions envisageables peut se révéler complexe. Bien sûr, cet outil ne vise pas à remplacer l'expertise d'un bureau d'études, mais il permet d'amorcer la prise de décision en effectuant une première sélection : il "apporte un premier niveau de décision, aide à écarter les solutions qui ont peu de chances de fonctionner ou pour lesquelles la collectivité n’a pas le budget. Elle prépare le terrain avant la rédaction de cahiers des charges. La collectivité y gagne en expertise, mais aussi en temps et en argent.", explique Elodie Briche, coordinatrice R&D en Urbanisme durable au sein du Pôle Aménagement des Villes et des Territoires (PAVT) de l'ADEME.

Les destinataires de l'outil

L'outil cible principalement les petites et moyennes collectivités qui cherchent à adapter leur territoire aux changements climatiques. Souvent en manque de ressources, ces collectivités peuvent bénéficier davantage de cet outil, bien qu'il soit théoriquement adaptable à tous types de villes. « Nous pourrions y découvrir des solutions. En outre, l’appli pourrait aider à former les élus et techniciens qui travaillent pour la première fois sur le sujet », explique Perrine Prigent, conseillère municipale à Marseille.

Le fonctionnement général de l'outil

Le site https://plusfraichemaville.fr/ offre une variété d'outils d'aide à la décision, comprenant notamment :

Un questionnaire structuré en forme d'arbre décisionnel, destiné à déterminer les espaces que l'on souhaite rafraîchir avec une granularité allant du rond-point au bâtiment, du parking à la rue, de la place à la cour d'école, ainsi qu'au parc et jardin. Ce questionnaire permet également de choisir le type de projet de rafraîchissement à mettre en œuvre, que ce soit par la végétalisation, la désimperméabilisation des surfaces, ou l'amélioration du confort estival. Cette approche aboutit à des suggestions de solutions de rafraîchissement urbain appropriées, tout en orientant les utilisateurs vers des fiches techniques exhaustives fournissant des informations telles que les coûts, les délais de mise en œuvre, ainsi que le potentiel de rafraîchissement des solutions préconisées.

Le site propose également des retours d'expérience relatifs à des projets déjà réalisés dans diverses régions de France. Ces retours d'expérience détaillent le climat actuel et le climat probable à l'avenir, les solutions qui ont été mises en place, les calendriers adoptés, ainsi que les budgets alloués.

la Construction de l'outil

En amont, une phase d'investigation a été menée durant l'été 2022 afin d'identifier les problèmes auxquels les collectivités sont confrontées lorsqu'elles déploient leurs solutions de rafraîchissement. Cette étape a impliqué la réalisation d'entretiens semi-directifs avec des élus, des agents territoriaux et des bureaux d'études. De plus, plus de 500 collectivités ont participé à une enquête. La construction de l'outil a donc bénéficié de l'expérience d'un écosystème complet d'acteurs. La version bêta, disponible en ligne depuis fin mars, continue de s'améliorer et de s'enrichir grâce aux commentaires des utilisateurs.

Cet outil met en évidence la nécessité de s'adapter aux effets du réchauffement climatique, en complément de la lutte contre celui-ci. Ces effets sont déjà perceptibles et devraient s'intensifier dans les années à venir.