Réseaux de chaleur : un raccordement à seulement 1€ ?

7/08/2022

La France compte aujourd’hui 900 réseaux de chaleur et de froid dont 60% fonctionne avec des énergies renouvelables ou de récupération. Le gouvernement souhaite raccorder un minimum de 3000 bâtiments localisés à moins de 50 mètres d’un réseau d’ici fin 2022. Mais comment y parvenir ?

Le déploiement d’une aide

Le texte « Raccordement Express » a été publié fin juillet 2022. Il a pour objectif d’aider les propriétaires des bâtiments, et notamment les copropriétés résidentielles, à se raccorder aux réseaux de chaleur se trouvant à proximité.

« L’idée est d’instaurer le réflexe ‘je veux me chauffer, je réfléchis d’abord au réseau de chaleur‘ », a déclaré Alexandre DOZIERES, sous-directeur de l’efficacité énergétique et de la qualité de l’air au sein du ministère de la Transition écologique, lors d’un échange avec des acteurs du secteur.

Le raccordement à 1€, avec des aides bonifiées via des Certificats d’Economies d’Energie (CEE), sera également mis en place. Il s’agit d’« une prime forfaitaire, par bâtiment, avec peut-être une surprime en fonction du nombre de logements » a-t-il indiqué. Le raccordement sera « gratuit ou presque » allant de quelques euros à quelques centaines d’euros pour les bénéficiaires.

Selon Alexandre DOZIERES, il n’y aura pas de critères de distance au réseau qui supprimeraient l’éligibilité. L’ensemble des bâtiments, à n’importe quelle distance d’un réseau, pourra obtenir la prime. Le Syndicat National de Chauffage Urbain (SNCU) a néanmoins évalué combien de bâtiments présents à 50 mètres bénéficieraient d’un raccordement peu coûteux, facile d’accès, permettant de réduire de 2 TWh les consommations nationales de gaz. 3000 bâtiments ont ainsi été recensés.

Dès juillet 2023, le raccordement devrait devenir obligatoire pour les bâtiments situés dans le périmètre d’un réseau de chaleur décarboné et qui souhaiteraient remplacer leur chauffage collectif. Cette obligation ne s’appliquerait pas à ceux ayant adopté une solution encore plus vertueuse (Ex : géothermie, solaire thermique, etc.).

La présidente du SNCU, Aurélie LEHERICY, espère que les copropriétés vont mettre à l’ordre du jour le sujet du raccordement lors de leurs assemblées générales. En effet, selon elle, cela devrait être une priorité pour eux, « Ils ont là l'occasion de baisser leur dépendance au prix du gaz, qui fait des bonds de jour en jour, et d'accéder à une chaleur renouvelable », déclare-t-elle en insistant sur le fait que « cela reviendra entre 200 et 400 euros en moyenne (par logement), et notre expérience montre qu'à moins de 400 euros par logement, le coût est digérable, avec la compensation sur le coût de la facture » d’énergie.

DES RÉSEAUX PLUS VERTUEUX 

Certaines associations et autorités publiques (Amorce, le SNCU, le Cerema, l’ADEME…) demandent régulièrement à développer les réseaux de chaleur et froid. Il y a peu, la Cour des Comptes a de nouveau interpellé le ministère de la Transition écologique pour accélérer leur déploiement.

En effet, aujourd’hui, les réseaux représentent 5% du chauffage en France et ces acteurs veulent à la fois les verdir, les densifier et en construire de nouveaux. Actuellement, 60% des 900 réseaux de chaleur fonctionnent avec des énergies renouvelables ou de récupération (géothermie, biomasse, chaleur résiduelle de sites industriels ou de data centers...) et environ 40% sont encore au gaz. Selon eux, nous sommes en retard par rapport à la moyenne européenne, et pour atteindre les objectifs que la France s’est fixés à Horizon 2030.

Pour créer de nouveaux réseaux, l’ADEME a lancé un appel à projets « une ville, un réseau » visant à encourager les communes de moins de 50 000 habitants à se doter de ces systèmes afin qu’elles puissent sortir du gaz fossile.

Aujourd’hui, l’enjeu est de taille au niveau climatique, économique et géopolitique. En effet, le chauffage représente 40% de la consommation d’énergie finale devant les transports ou l’industrie, et celui-ci n’est décarboné qu’à 20%.