Adaptation au changement climatique : le troisième plan national du gouvernement

11/03/2024

Le troisième Plan National d'Adaptation au Changement Climatique (PNACC) 2024-2028 marque une évolution cruciale, visant à systématiser les actions face aux défis climatiques en France. Structuré autour de quatre axes majeurs, le PNACC projette une adaptation différenciée du national au local pour renforcer la résilience. Des initiatives de sensibilisation, guides et formations, illustrent l'engagement gouvernemental en faveur d'une adaptation éclairée à tous les niveaux de la société. ALTEREA vous en dit plus. 

UN PLAN D’ADAPTATION EN 4 GRANDS AXES  

Le troisième Plan National d'Adaptation au Changement Climatique (PNACC) pour la période 2024-2028 revêt une importance capitale, s'inscrivant comme une évolution nécessaire des précédents plans. Alors que le premier (2011-2015) a mis en œuvre la stratégie d'adaptation de 2006 et que le deuxième (2018-2022) s'est consacré à l'identification des solutions, ce troisième vise à massifier et à systématiser les actions. Structuré autour de quatre grands axes, le PNACC cherche à assurer la : 

  1. Protection des Personnes : englobant des mesures pour garantir la sécurité et le bien-être des citoyens face aux changements climatiques.
  2. Préparation des Territoires : axé sur la continuité des infrastructures et des services essentiels, ce volet s'attache à renforcer la résilience locale.
  3. Résilience de l’Économie : visant à assurer la stabilité économique en anticipant et en adaptant les secteurs productifs aux nouveaux défis climatiques.
  4. Préservation des Milieux Naturels et du Patrimoine Culturel : s'articulant autour de la protection des écosystèmes et du maintien de la richesse culturelle face aux impacts du changement climatique.

Le PNACC s'appuie sur une "Trajectoire de Réchauffement pour l'Adaptation au Changement Climatique" (TRACC), prévoyant un réchauffement de +4 °C en 2100, avec une étape intermédiaire à +2 °C en 2050. Ce choix stratégique, parfois mal compris lors de sa présentation, cherche à clarifier la distinction entre adaptation et atténuation des émissions de gaz à effet de serre. L'ambition du PNACC est de projeter la France dans un futur à +4 degrés, offrant une vision complète des changements à anticiper dans les modes de vie, le travail, les déplacements et les paysages, dans le but ultime de réduire les risques et de préparer le futur.

UN PLAN D’ADAPTATION DU NATIONAL AU LOCAL : INTEGRATION SYSTEMIQUE ET DIFFERENCIATION CRUCIALE 

Après la publication du PNACC, l'adaptation au changement climatique se déploie du national au local, requérant une approche différenciée. Diane Simiu (Directrice du climat, de l'efficacité énergétique et de l'air au sein du Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires) insiste sur l'importance d'un accompagnement robuste des territoires, impliquant un soutien technique et une offre intégrée avec la collaboration des opérateurs de l'État. La différenciation devient cruciale dans l'adaptation, souligne Oriane Cebile (Conseillère environnement au sein d'Intercommunalités de France), adaptant les approches aux spécificités locales. 

Face à la complexité des enjeux, l'intégration systémique de l'adaptation devient un impératif. Diane Simiu souligne la nécessité que l'adaptation soit ancrée comme un réflexe dans tous les secteurs et politiques publiques. Des pilotes et des indicateurs de contrôle devront également être instaurés afin de suivre le travail effectué. Une refonte des documents de planification des collectivités est prévue, mettant l'accent sur les Plans Climat-Air-Énergie Territoriaux (PCAET), les Plans Locaux d'Urbanisme (PLU), les Plans de Déplacements Urbains (PDU), les Sraddet des régions (Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires) et les SCoT (Schémas de Cohérence Territoriale). L'opportunité de réviser une centaine de PCAET cette année est soulignée, avec une nécessité de renforcer les Plans Climat et l'allocation récente de 250 millions d'euros du fonds vert vers les PCAET offre un premier pas vers une vision plus intégrée. 

GUIDES ET FORMATIONS POUR UNE ADAPTATION ÉCLAIREE 

Marie Carrega (Cheffe du bureau adaptation au changement climatique au sein du Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires) souligne l'importance de l'implication de tous les échelons de collectivités dans l'adaptation, couvrant la gestion des bâtiments publics, la construction, la rénovation, l'aménagement, les infrastructures et même l'achat public avec l'intégration de clauses d'adaptation pour les travaux publics. Pour soutenir cette démarche, la Direction Générale de l’Energie et du Climat (DGEC) prévoit la publication de guides d'accompagnement, notamment pour éviter la mal-adaptation, avec déjà un centre de ressources existant sur ce sujet. 

Diane Simiu appuie l'importance de sensibiliser les élus, rendant tangible les impacts à venir sur leur territoire. Dans cette optique, un module de sensibilisation sera déployé au printemps. Des formations spécifiques seront également proposées aux élus locaux et aux hauts fonctionnaires territoriaux. Alors que l'État a déjà formé ses directeurs d'administration centrale et ses ambassadeurs, les préfets et les services déconcentrés sont actuellement en cours de formation, renforçant ainsi l'engagement global pour une adaptation éclairée et efficace. 

Le troisième Plan National d'Adaptation au Changement Climatique marque une avancée majeure vers une approche systémique et intégrée, renforçant la résilience nationale contre les défis climatiques.