REX – Etude de potentiel photovoltaïque sur 220 sites pour le Conseil Départemental des Hauts-de-Seine

4/09/2023

La transition énergétique est devenue une préoccupation majeure pour de nombreuses collectivités publiques. Dans cette optique, le Conseil Départemental des Hauts-de-Seine a entrepris une démarche de rénovation énergétique de son parc immobilier, notamment sur les collèges, afin de réduire sa consommation d'énergie et de favoriser les énergies renouvelables. François HUET, directeur de projet à la direction des bâtiments du conseil départemental, nous dévoile les détails de cette démarche ambitieuse.

Comment vous projetez-vous sur la consommation électrique ? Quelle est votre démarche ?

La stratégie départementale des Hauts-de-Seine en matière de consommation énergétique repose sur la recherche d'indépendance énergétique à moyen terme. Dans cette optique, le département s'engage dans une démarche proactive visant à explorer des alternatives énergétiques, notamment les énergies renouvelables telles que le photovoltaïque et le réseau de chaleur urbain.

Il y a environ un an, le président du Conseil Départemental a initié cette démarche, marquant ainsi l'engagement fort du département dans la transition énergétique. Depuis lors, l'accent a été mis sur l'accélération des actions visant à développer les alternatives énergétiques et à diversifier les approvisionnements en énergie.

« A moyen termes, nous essayons de varier nos approvisionnements d'énergie afin d'obtenir une certaine indépendance. L’objectif est d’éviter de faire face aux vagues successives d'augmentations et de réductions du prix de l'énergie vécu dernièrement », explique François HUET.

Cette approche s'inscrit dans une vision à long terme de la consommation électrique, qui vise à assurer la stabilité des approvisionnements tout en contribuant à la transition vers un modèle énergétique plus respectueux de l'environnement.

Dans le cadre du Décret Tertiaire, pouvez-vous nous présenter la démarche réalisée par le Conseil Départemental ? 

Dans le cadre du Décret Tertiaire, le département a mis en place une démarche ambitieuse visant à atteindre directement les objectifs fixés pour 2040, soit une réduction des consommations d'énergie de -50%. Compte tenu de la diversité et de l'hétérogénéité de leur patrimoine immobilier le département agit sur deux principaux facteurs pour atteindre ces objectifs.

Le premier facteur concerne la rénovation des bâtiments, en mettant l'accent sur l'amélioration de l'enveloppe thermique et des systèmes énergétiques. Cette transition passe aussi par le recours aux réseaux de chaleur urbain et la mise en place de panneaux photovoltaïques.

« Bien que ces sources d'énergie alternatives représentent actuellement une part marginale de nos consommations totales, elles contribueront néanmoins à nos efforts de réduction. », souligne François HUET.

Le deuxième aspect essentiel de la démarche concerne l'implication des utilisateurs finaux. « Nous reconnaissons que les économies d'énergie peuvent également provenir des comportements des occupants de nos bâtiments. », indique François HUET. Par exemple, dans les collèges, le département a engagé des actions visant à sensibiliser et à accompagner les collégiens, les responsables des pôles sociaux et les autres utilisateurs finaux afin d'adopter des pratiques énergétiques raisonnées et responsables. Des mesures concrètes ont été mises en place, telles que l'extinction du chauffage à 17 heures ou de la climatisation pendant l'été. « Au-delà des améliorations apportées aux bâtiments, nous considérons que ces actions d'éducation et de sensibilisation contribuent à réduire jusqu’à 20% les consommations d'énergie restantes. », ajoute François HUET.

Le département met en place une véritable culture d'engagement et de responsabilité au sein de leur personnel, afin de favoriser des pratiques énergétiques plus respectueuses de l'environnement et d'accroître la sensibilisation des utilisateurs aux enjeux de réduction de la consommation énergétique.

Pourquoi avoir réalisé une étude de potentiel avant les études de faisabilité photovoltaïque ?

L'étude de potentiel réalisée avant les études de faisabilité photovoltaïque a été essentielle pour le département afin de déterminer les opportunités offertes par ses nombreux bâtiments. Avec un parc de plus de 1 500 bâtiments, il était primordial d'adopter une approche macroscopique pour évaluer le potentiel photovoltaïque de chacun de ces établissements. Un filtrage initial par le département a permis de réduire ce nombre à 220.

"Nous avons réalisé une étude de potentiel pour identifier les toitures les plus favorables à l'installation de panneaux photovoltaïques. Cette étude nous permet de cibler les bâtiments qui offrent le meilleur rendement énergétique et de prioriser nos actions. Cela nous aide également à déterminer les investissements nécessaires pour chaque bâtiment, en fonction de leur potentiel solaire.", explique François HUET.

L'étude a permis de recenser et d'analyser les toitures disponibles sur l'ensemble du parc immobilier en prenant en compte des paramètres tels que la structure des toitures et les capacités d'ensoleillement. La politique adoptée par le département consiste donc à installer des panneaux photovoltaïques principalement sur les toitures des collèges.

« Bien que nous disposons de nombreux autres bâtiments, tels que des stades, des piscines et des équipements culturels, nous avons décidé de nous concentrer sur les toitures des collèges pour les six prochaines années », souligne François HUET. Une cinquantaine de collèges ont été sélectionnés pour l'installation des panneaux photovoltaïques, représentant environ un tiers des bâtiments éligibles. Cette approche permet d'assurer l'efficacité et la réalisation concrète des opérations. De plus, cette sélection de bâtiments génère déjà une production d'énergie significative, d'environ 12 GWh, ce qui est important à l'échelle du département.

L'objectif du département est de redistribuer l'électricité produite par le biais de l'autoconsommation collective. Pour cela, le département étudie la possibilité de partager l'énergie produite avec les sites environnants, tels que les bailleurs sociaux, les écoles et les autres équipements publics.

Quel est le rôle d’ALTEREA dans ce projet de rénovation énergétique ?

ALTEREA a joué un rôle essentiel dans le projet d’identification des sites à équiper en accompagnant le département tout au long du processus. L’expertise des équipes d’ALTEREA a été précieuse pour identifier les bâtiments les plus appropriés pour l'installation de panneaux photovoltaïques, en prenant en compte la faisabilité opérationnelle et technique.

« Sans l'aide d'ALTEREA, nous aurions pu être tentés de vouloir installer des panneaux solaires sur l'ensemble de notre parc immobilier. Cependant, cela aurait été irréaliste sur le plan opérationnel, car nous n'aurions pas pu gérer simultanément un chantier sur 500 sites différents. Grâce à leur expertise, nous avons pu établir une priorisation et une hiérarchisation des sites en fonction de leur faisabilité. », explique François HUET.

En collaboration avec ALTEREA, le département est maintenant engagé dans des études de faisabilité techniques et opérationnelles approfondies pour les 54 sites sélectionnés. Ces études leur permettront d'évaluer précisément la capacité de production sur chaque site et de planifier rapidement les travaux nécessaires. « Notre plan s'étend sur une période allant de 2024 à 2030, au cours de laquelle nous visons à équiper ces sites de panneaux photovoltaïques. », précise François HUET.

Il est important de souligner que les sites choisis ont des capacités de production allant de 200 à 500 kilowatts-crête. L'étude de potentiel réalisée en amont a permis au département de concentrer leurs efforts sur ces sites afin d'optimiser le financement et d'augmenter la part d'électricité produite.

« En tant que maître d'ouvrage, nous devons gérer d'autres aspects importants en parallèle de ce projet, mais en nous concentrant sur les sites les plus prometteurs, nous pouvons utiliser nos ressources de manière efficace. », souligne François HUET.

Quels sont les bons conseils que vous donneriez à un maître d’ouvrage public qui souhaiterait également réaliser ce type d’études, ou quelles seraient les erreurs à éviter ?

François HUET nous a partagé quelques conseils et erreurs à éviter en tant que maître d’ouvrage souhaitant réaliser ce type d'études :

  1. Connaître son patrimoine : il est essentiel d'avoir une bonne connaissance de son patrimoine public pour orienter, prioriser et hiérarchiser sa stratégie énergétique. Par exemple, prendre le temps de recenser les bâtiments, de vérifier la propriété et de rassembler les plans de récolement.
  2. Impulsion politique : il est important d'avoir des politiques convaincus de la nécessité de rechercher des alternatives énergétiques. L'impulsion politique et les outils d'investissement donnés par les responsables politiques sont des facteurs clés pour mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre de ces études.
  3. Cohérence et coordination : assurez-vous que tous les acteurs impliqués avancent tous dans la même direction. Une coordination efficace entre les différentes parties prenantes, y compris les services internes, facilitera la réalisation du projet.
  4. Approche en mode entonnoir : ne craignez pas d'être exhaustif dans l'analyse des sites potentiels, mais priorisez rapidement les sites où la faisabilité est avérée. Concentrez vos efforts sur les bâtiments les plus prometteurs afin de ne pas perdre de temps et de ressources sur des sites moins pertinents.
  5. S'entourer d'experts : faites appel à un AMO (Assistant à Maîtrise d'Ouvrage) ou à des bureaux d'étude spécialisés tels qu'ALTEREA. Ces partenaires peuvent fournir un accompagnement technique, réglementaire et des conseils proactifs, notamment dans des domaines peu connus comme l'autoconsommation collective. Leur expertise permettra d'explorer des solutions et des orientations pour aller plus loin dans la décarbonation des bâtiments et les énergies renouvelables.
  6. Veille technique et réglementaire : assurez-vous que votre AMO ou votre équipe dispose d'une veille permanente sur les évolutions techniques, industrielles et réglementaires. Cela permettra d'adapter les stratégies en fonction des nouvelles opportunités et contraintes.

Le Conseil Départemental des Hauts-de-Seine se positionne ainsi comme un acteur engagé dans la transition énergétique, en contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la préservation de l'environnement. Cette démarche illustre l'importance croissante de la rénovation énergétique des bâtiments publics dans la lutte contre le changement climatique.